A quoi bon écrire ?
« Méta-billet »
A quoi bon écrire dans ce blog,
me dis-je, à quoi bon être la cent millionième personne (au moins)
à raconter sa vie et ses états d'âmes dans l'immense espace de
liberté que nous fournit l'Internet ? Probablement pas à
grand-chose. Qui va lire ces pages ? Probablement pas grand monde.
Oui, j'ai conscience de partir défaitiste ; je préfère dire
modeste – malgré mon titre auto-attribué de Reine des Tardigrades
– parce que je ne pense tout simplement pas que mes mots vont
changer le monde.
Cependant il y a pour moi
quelques raisons d'écrire, et de partager ses écrits – sinon vous
ne seriez pas là en train de lire ces lignes.
Ça fait du bien
Je ne parle pas de ce blog en
particulier, ni même d'aucune forme d'écriture plus qu'une autre. A
l'échelle individuelle, écrire fait du bien, voire soulage les
peines. Cela permet parfois de faire le point sur les événements de
la journée, de la petite variation dans la vie quotidienne à
l’événement international bouleversant.
Mais surtout, dans l'état actuel
de la société, de la politique, de la planète … (liste non
exhaustive), écrire permet, souvent, de s'interroger, de mettre des
mots, des expressions, sur la révolte qui gronde intérieurement et
par là de la canaliser ; écrire autorise à s'exprimer sur
tout ce qui donne envie de se réveiller le lendemain matin dans un
univers qui fonctionnerait un tantinet soit mieux, tout ce qui
voudrait être oublié, mais aussi tout ce qui pousse à
l'indignation, et de là à l'action.
Projet !!
Cependant le ressenti individuel
face à l'écriture – et même s'il est probablement partagé par
un grand nombre de personnes – ne justifie pas d'en faire un blog.
Je pourrais très bien garder mes réflexions, mes idées, mes
sentiments, pour moi, couchés sur le papier d'un vieux cahier ;
c'est ce que j'ai fait pendant des années, depuis mes gribouillis de
pré-adolescente tentant de comprendre le monde qui l'entourait
jusqu'à aujourd'hui. Sauf que parfois – souvent – j'ai relâché
ma volonté d'écrire, de poser mes mots, pour me réfugier dans des
solutions qui peuvent paraître plus simples, et qui sont surtout
très chronophages. Combien de temps ai-je passé à lire, à
découvrir, et à porter un regard sur le contenu produit par
d'autres ? Non pas que ce soit une mauvaise chose en soi, mais
cela a eu pour résultat que dans mon esprit, tout ce que je pouvais
écrire, toutes les idées que je pouvais avoir, étaient d'ores et
déjà formulées par d'autres, et d'une manière bien meilleure que
ce que j'aurais pu proposer.
Alors voilà à quoi ce blog est
utile : il m'oblige à me poser plus souvent, et je l'espère à
intervalles réguliers. Il me force à ne pas me limiter à la
découverte de ce qui existe déjà – aussi belle, aussi
intéressante, aussi épanouissante soit-elle, mais à produire
quelque chose qui soit un minimum inédit, même si comme indiqué
plus haut, rien ici n'est révolutionnaire ni sur le fond ni sur la
forme. Mais après tout, faut-il être révolutionnaire pour
s'exprimer sur Internet ?
Partage si tu aimes
En cette époque où tous les
territoires et cultures sont interconnectés ou presque, et où les
réseaux sociaux sont omniprésents dans la vie de nombreuses
personnes, il est facile et courant de partager avec ses « amis »
ou ses « followers » les contenus qui nous semblent
intéressants. C'est également mon ambition ici, avec l'espoir de ne
pas être limitée par les bulles de filtre de nos chers algorithmes
GAFA1 ;
cependant l'avantage d'un billet de blog, contrairement à un furtif
tweet ou à un post Facebook, est de pouvoir combiner les sources,
les recouper et les mettre en perspective de manière plus
approfondie. Loin de moi l'idée de décrédibiliser les réseaux
sociaux ; un blog est simplement une manière différente
d'écrire et de s'exprimer, qui convient mieux ou moins bien en
fonction de chacun, et qui en l'occurrence me permettra de diffuser
un peu plus les sources qui me paraissent pertinentes.
Pour une seule personne, ou dix, ou dix mille
Mais … quelqu'un va-t-il me
lire ? Ne vais-je pas être une voix clamant dans le désert ?
Est-il possible de se démarquer dans l'océan d'Internet, sans aucun
talent artistique particulier ni expertise reconnue d'une manière ou
d'une autre ?
Il ne servira à rien que je
prétende ne pas m'être posée les questions ci-dessus. Lorsqu'on
expose son avis ou des ressentis plus personnels hors du cercle privé
(mes comptes personnels sur les réseaux sociaux n'étant visibles
que par quelques proches), elles s'imposent, tout comme celles
concernant la légitimité, sur le mode « Pour qui est-ce que
je me prends, à m'imaginer que mon avis vaille la peine d'être
diffusé ? ». Toutes ces interrogations ramènent en fait
au titre et à l'interrogation de ce billet : à quoi bon écrire
si personne ou presque ne lit ? Pourquoi y consacrer du temps ?
Cette question est assez vite
dépassée : si personne ne lit, j'aurais écrit pour moi, pour
mon bien-être personnel, et je n'y aurais rien perdu. Si une seule
personne lit quelques billets, et qu'elle aime ou au contraire
qu'elle déteste, en bref qu'elle y réagit d'une manière ou d'une
autre, ce n'est qu'une cerise sur le gâteau. S'il y en a dix ou dix
mille, c'est … au-delà de mes espérances ?
Voilà pourquoi ces quelques
phrases sont en ligne. Je n'ai pas de projet pour refaire le monde –
pas ailleurs que dans ma tête en tout cas, pas de chemin tout tracé,
pas de plan ni de liste d'articles à écrire sur tel ou tel sujet ;
peu importe, je déroulerai tout de même mes mots, et s'ils ne vous
plaisent pas, s'ils vous indiffèrent, passez au contenu suivant et
ne m'en veuillez pas.
Par ailleurs … si l'envie vous
prend également de partager vos mots, vos bonheurs et vos
indignations, vos révoltes et vos envies de sourire, je vous invite
à le faire et à ne pas vous laisser abattre par d'éventuelles
croyances limitantes ; vous non plus n'avez rien à y perdre.
1Un peu d'infos sur les bulles de filtre par là ou par ici et un petit billet pour apprendre à les éviter ici
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